Régulation thermique de notre corps

Je me suis longtemps posé la question, à savoir pourquoi lors de nos randonues hivernales nous n'avons pas particulièrement froid et parfois même nous avons relativement chaud.

Bien-sûr, tous ceux qui pratiquent cette activité savent très bien que nous avons une meilleure résistance au froid … pourtant ce n'est pas tout à fait exact. Et les textiles, ceux qui se couvrent de nombreuses couches dès la moindre baisse de température, ne nous croient pas, ou nous prennent pour des farfelus qui veulent à tout pris braver les caprices de la météo.

Un premier constat, le vêtement est une couche isolante qui nous protège du froid, mais également du chaud et empêche le rayonnement du soleil d'atteindre notre épiderme. Si la température de l'air est fraiche, cette fraicheur atteindra notre corps après un certain temps si nous ne sommes pas en mouvement. Nus, même immobiles, notre peau captera l'intégralité des rayons du soleil.
Cependant nous redouterons pluie et vent dès que la température faibliera.

Un autre effet facile à comprendre, le vêtement (même dit technique) limite ou empêche l'évaporation de la transpiration qui est d'autant plus importante que l'effort est soutenu. Cet excès d'humidité va s'éliminer au niveau du cou, des poignées, des chevilles et de la taille ou des cheveux, provoquant un rafraichissement important au niveau de ces zones dès le moindre vent. Il faudra alors se surprotéger avec gants, écharpe ou bonnet.
Or, notre corps n'aime pas les points froids localisés tel le maillot de bain qui garde l'humidité et vas nous donner une impression de mal-être, et pire, déclenchera rhumes ou rhumatismes.
Pour le randonneur naturiste, seul le sac à dos provoqura ce désagrément au niveau des bretelles et du dos … Si nous pouvions nous en passer, le confort serait accru.

Vous avez tous eu l'expérience de vous laver les mains sous l'eau froide alors que vous attendez à recevoir une eau tiède. Vous ressentez alors une sensation de froid dans tout votre corps.
 

Mais cherchons plus loin, au niveau même des réactions de notre organisme.
Notre corps comportes de nombreux muscles permettant de nous mouvoir tels les dorsaux, la ceinture abdominale, les mollets, les biceps, la machoire, ou encore le cœur, les poumons, l'estomac qui fonctionnent sans relâche.
Bien d'autres muscles, très nombreux, dont nous n'avous pas forcemment conscience, gèrent d'autres fonctions de notre organisme : les joues provoquent sourires ou grimaces, les muscles oculaires orientent notre regard, des muscles actionnent le cristallin pour concentrer notre vue ou activent l'iris pour limiter l'éblouissement ou voir dans l'ombre.

Mais je parlerai plutôt de ceux qui resserrent les papilles de notre peau, qui donnent la chair de poule, qui hérissent nos poils.
Ces papilles, véritable interface entre l'intérieur et l'extérieur de notre corps, elles jouent un rôle très important dans notre régulation thermique corporelle. Elles vont se dilater lors de l'élévation de température, soit interne provoquée par l'effort, soit externe due au rayonnement perçu, favorisant les échanges, en particulier l'élimination de la transpiration qui rafraichira la surface de notre peau.
Si au contraire nous avons froid, elles vont se refermer. Sous l'effet d'une fraicheur externe leur resserrement plus intense donneront cet effet bien connu de chair de poule que le vêtement nous à fait perdre.
Lors d'une exposition prolongée au froid, ou plus intense, nous allons nous mettre à greloter (à trembler comme le font les chiens) ; tout un ensemble de muscles vont se mettre en action pour nous réchauffer telle une marche active le fait lors de nos randonues. C'est l'alerte déclenchée par l'abaissement de notre température interne. C'est juste l'effet inverse de la transpiration lorsqu'on a trop chaud, mais par trop de confort nous avons perdu cette auto-régulation.

Notre corps à une température d'équilibre au voisinage de laquelle notre organisme tend vers le maximum de repos. Si nous avons trop chaud, ou à l'inverse trop froid, le rythme cardiaque va augmenter pour nourrir correctement tout cet ensemble de muscles qui vont se mettre en action, de même la respiration va s'accentuer.

On peut noter des problèmes cardiaques chez des personnes trop longtemps exposées à un froid intense.
L'excès de chaleur provoquera lui aussi des malaises qui peuvent conduire à l'hospitalisation.

Un feutre imbibé d'eau, placez un ventilateur devant, vous verrez la température baisser sensiblement.

D'une façon générale, les échanges thermiques sont très différents selon les matériaux, leur pouvoir isolant, leur capacité d'accumulation ou d'absorption, leur échange par rayonnement ou par conduction.
C'est la bonne gestion de ces paramètres qui garantiront une température agréable.

Quel rapport allez-vous me dire avec notre perception de la chaleur ?

L'évaporation de la sueur sur l'ensemble de notre corps nu donnera une agréable sensation de fraicheur.
Avec le vêtement, l'évaporation va se concentrer sur des zones réduites créant un déséquilibre chaud/froid perçu comme une sensation de froid désagréable.

Que ce soit les diverses couches de vêtements et la matière dont ils sont constitués, ou directement notre peau, le ressenti sera essentiellement différent et parfois contraire à ce qu'on aurait initialement évalué.

Les vêtements isolent la transmission par conduction et par rayonnement, ils n'ont aucune inertie thermique.
Le corps humain présente une forte inertie thermique, il accumule la chaleur reçue ou produite par l'effort.
La peau joue le principal rôle de régulateur … n'entavons pas son foctionnement !

C'est là aussi la bonne gestion de notre habillement qui garantira notre confort.
 

Raquettes en tenue de peau, Mars 2014
Nous sommes 3 à partir pour une sortie à raquettes à la Servelle de Brette. 5 heures de nudité intégrale au milieux des champs de neige avec parfois des températures négatives et la gelée qui craquait sous nos pieds aux passages à l'ombre. Sous l'effort continu de la marche, à aucun moment nos n'avons eu une sensation de froid.

Tussac, 15 février 2018
Dès 10h 30, nous sortons tous les 3 de notre voiture dans 15 cm de neige. Après avoir quitté le bas, chaussures et raquettes aux pieds et sac sur le dos, nous attaquons la montée. Le soleil nous accompagnant, rapidement se sera le dénudage total pour toute la durée du parcours jusqu'au retour à notre véhicule.

Saint Benoît, 27 décembre 2018
Nous sommes 4 à partir de Saint Benoît par une température juste en-dessus de 0°C. Nous nous découvrirons dans les vignes dès l'apparition du soleil et resterons ainsi dévêtus, malgré quelques passages ombragés, jusqu'au retour aux vignes où le soleil passe derrière les montagnes. Retour aux voitures chaudement habillés, le thermomètre indique 1°C.

Boucle depuis les Bouligons, 30 décembre 2019
Nous sommes seulement 2 à partir sous un soleil hivernal. Nous ôtons nos habits au cours de la monté, alors que nous ne sommes plus en vue de la route. Bien que le parcours soit majoritairement bien exposé mais relativement plat, l'effort modéré nous oblige à nous couvrir lors de quelques passages à l'ombre. Au cours de la descente nous restons nus, et traversant une zone ombragée près d'un ruisseau où une température négative a couvert la végétation de givre, nous poursuivons à la course sur 200 à 300 mètres pour ne pas avoir à nous couvrir. Cette froideur nous donne une impression étrange parfaitement supportable.
 

Et bien d'autres sorties hivernales que nous avons eu l'occasion de faire …

Si la plupart des gens pensent impossible de résister au froid, étant nus, ou à l'inverse en été par forte chaleur, il ne leur vient pas à l'idée de se dévêtir entièrement pour apprécier un bien-être insoupçonné. 

Essayez donc le déshabillage intégral en randonnée lorsqu'il fait chaud, et vous verrez que les bons conseils de la société bien pensante ne sont pas toujours les meilleurs, … sauf à délester votre porte monnaie.

Bernard.

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